Le féminisme en Afrique : Entretien avec Viviane Gouba

Le 8 mars 2021 est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Le féminisme est un courant qui milite en faveur de l’égalité entre l’homme et la femme. Il ne fait que grandir de jour en jour et ce malgré le fait qu’il soit parfois  considéré comme un concept occidental. Au vu de ce constat, la Grande Afrique a décidé de s’entretenir avec une jeune féministe du nom de Viviane Gouba afin de mieux comprendre ce concept et son rôle dans la vie des femmes africaines.

 

GA : Pouvez-vous vous présenter ?

VG : Mon nom est Gouba Viviane. Communicatrice de formation, je suis la gérante d’un cabinet conseil en communication numérique (Femme Tic Consulting). Responsable du service Traiteur GOUVI FOOD, j’ai également une boutique virtuelle d’astuces et produits pour le bien-être des couples (les secrets de Rubi). Mon profil d’entrepreneure m’a conduite à créer le Réseau des Jeunes Femmes Entrepreneures (REJEFE) et initié la Nuit de la Promotion de la Petite Entreprise et de l’Innovation (NUPENI). Je milite dans plusieurs structures de défense et promotion des droits des jeunes et de la femme.

 

GA : Pour vous, qu’est-ce que le féminisme ?

VG : Le féminisme c’est le mouvement qui lutte pour l’égalité des droits homme-femme.

 

GA : Pour quelles raisons avez-vous décidé de prendre part à ce courant ?

VG : Avant d’être militante féministe, je milite dans d’autres mouvements de jeunes pour l’épanouissement et l’accomplissement de ces couches sociales. Je suis instinctivement sensible à l’injustice (sous toutes ses formes). En tant que femme, entourée de femmes et œuvrant pour l’accomplissement de la femme dans plusieurs domaines, ma casquette de féministe me permet de me pencher, militer pour que justice soit rendue à toute femme victime de violences. Disons que c’est une prolongation de mon engagement dans le processus de l’accomplissement de la femme puisqu’on ne peut pas parler d’épanouissement, de leadership ou même d’entreprenariat dans un monde rempli de violences faites à la Femme.

 

GA : Quel a été l’apport du féminisme dans le combat pour l’émancipation de la femme africaine ? 

VG : Si aujourd’hui moi Viviane fille de Gouba venue de Zabré (son village), j’ai l’occasion de m’exprimer dans votre journal sur des questions de la femme, c’est en grande partie, grâce aux multiples bienfaits des luttes féministes. Vous le saviez surement, en Afrique les femmes n’avaient pas le droit d’aller à l’école ; ne parlons même pas de travailler (dans le public surtout). Le rôle de la femme a pendant longtemps été restreint aux tâches ménagères. Aujourd’hui, chaque femme a la liberté de s’exprimer en public. Toute femme a droit à la liberté de décider pour tout ce qui la concerne directement (se marier, enfanter, allaiter, son style de vie…). Tout ça, c’est grâce au féminisme. Le féminisme a beaucoup apporté aux femmes. Le féminisme en Afrique a fortement contribué à l’épanouissement des femmes africaines.

 

GA : Que pensez-vous des personnes qui disent que le féminisme est une affaire des femmes occidentales et que par le passé nos “mamans” vivaient épanouies sans ce concept ?

VG : J’aurais aimé que ces personnes soient là pour se justifier sur quelles bases elles font cette affirmation : si ce sont nos mamans d’avant qui leur ont dit avoir été heureuses dans une Afrique aux usages et coutumes patriarcales, ou si c’est une opinion non fondée. Par ailleurs, comment me convaincrez-vous qu’une “maman d’avant” excisée, violée ou abusée sexuellement par les siens, une qui s’est vue retirer le droit d’aller à l’école ou même de s’exprimer en public, une telle femme serait épanouie par rapport à une maman de la nouvelle génération ? Je veux dire une maman qui a échappée aux mutilations génitales, au lévirat, au mariage forcé, une qui a droit à la terre, ayant fait des études secondaires et obtenu un travail qu’elle aime bien exercer, une qui n’est pas obligée de subir la polygamie… Faîtes vous-même la comparaison et dites-moi si vous me reposerez la question, sinon, permettez que je clame haut et fort que NON ! Le féminisme n’est pas seulement une affaire des femmes occidentales. Ce n’est d’ailleurs même pas une affaire de Femme uniquement. Si le féminisme était seulement occidental, les écrivaines Mariama Bâ, Angélique Savané, Oumy Sambou, Awa Thiam et autres grandes figures du féminisme africain n’existeraient pas.

 

GA : D’après vous, quelles sont les autres difficultés auxquelles les féministes sont confrontées ?

VG : Et voici le genre de questions radicales auxquelles je n’aimerai pas répondre (elle répond avec un sourire).

 

GA : Ne pensez-vous pas que le féminisme est un concept radical et qu’il faut plutôt opter pour l’apologie du concept genre ?

VG : Je voudrais rappeler que contrairement à ce que pensent et disent certains, le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes. D’ailleurs, il y a de plus en plus d’hommes féministes. Nous avons pris l’engagement de lutter pour l’égalité des droits entre l’homme et la femme. Nous mènerons cette lutte avec détermination, et nous vaincrons.

 

GA : Nous sommes arrivés à la fin de notre entretien, quel sera votre mot de la fin ?

VG : Comme mot de la fin, je vais tout d’abord remercier votre journal pour  son intérêt sur le combat féministe en Afrique, et le choix porté sur ma petite personne pour parler de cette lutte ô combien noble ! Je terminerais par ceci : le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, nous sommes pour l’égalité Homme-Femme dans nos sociétés. Permettez-nous d’exister, permettez-nous de lutter.

                                                                 

                                                                          Propos recueillis par Jude Kiénou

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