Vers un passeport africain?

 

Les présidents du Rwanda, Paul Kagame (à gauche), et du Tchad, Idriss Deby, exhibent leur passeport panafricain à la tribune du 27ème sommet de l’Union africaine, le 17 juillet 2016, à Kigali, au Rwanda. MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY.

Un continent encore trop peu intégré

Par ce passeport, l’objectif est de tendre vers un “continent intégré, politiquement uni et fondé sur les idéaux du panafricanisme et la vision de la renaissance de l’Afrique”, selon les termes de l’Aspiration n°2 de l’ Agenda 2063 de l’ Union Africaine. 

En effet, à l’heure actuelle, les voyageurs africains ne peuvent voyager que dans trois pays du continent sans visa: le Bénin, la Gambie et les Seychelles.

Ensuite, selon le “Visa Openness Index Report 2020” rendu de façon conjointe par la Commission de l’Union Africaine et la Banque africaine de développement (BAD), le Sénégal, le Ghana et le Rwanda sont considérés comme les pays les plus ouverts aux africains. 

Par ailleurs, selon l’indice de la BAD, “Les africains ont besoin de visas pour voyager dans 55% des autres pays africains, et ils ne peuvent obtenir des visas à l’arrivée que dans seulement 25% des autres pays”. Seuls 13 pays sur les 54 au total ont une exemption de visa ou accordent un visa à l’arrivée. 

Les ambitions multiples d’un tel passeport

L’objectif de ce passeport, à terme, est de remplacer les passeports nationaux avec un déploiement initialement prévu pour l’été 2020. Toutefois, la pandémie actuelle du Covid-19 laisse présager un retard de lancement conséquent.  

Trois types de passeports seront délivrés selon la fonction qu’ils remplissent. Le passeport ordinaire sera délivré aux citoyens du continent et destiné à des voyages occasionnels. Le second passeport dit officiel (ou de service) sera délivré aux fonctionnaires attachés aux institutions gouvernementales dans le cadre de missions officielles. Enfin, le passeport diplomatique sera délivré aux diplomates et consuls. 

Pensé dans un esprit panafricaniste, le passeport comportera des inscriptions en arabe, anglais, français, portugais et swahili.

Ce passeport est un élément clé pour rendre effective la zone de libre échange continentale africaine ( ZLECAF) qui est officiellement entrée en vigueur en 2019. En effet, il facilitera les échanges à l’intérieur du continent, stimulera le tourisme intra continental et facilitera de la même manière la mobilité de la main d’œuvre. Du point de vue social, ce passeport africain permettra l’affirmation d’une identité africaine.

Des risques amplifiés ?

Toutefois, certains estiment qu’un tel document n’est pas sans risque. Effectivement, la libre circulation des personnes à l’intérieur du continent pourrait être propice à l’augmentation de la contrebande, à l’immigration illégale et au terrorisme et à la propagation des crises sanitaires.

D’après l’analyste économique et politique béninois Gilles Yabi : « Il est très clair que les pays restent extrêmement hésitants à prendre des mesures qui pourraient limiter la capacité d’identification des personnes qui entrent sur leur territoire. Il y a de vraies raisons qui peuvent justifier les réserves de certains Etats à aller dans cette direction-là ».

Jusqu’à présent, seuls les dirigeants du gouvernement, les diplomates et les responsables de l’UA ont reçu le passeport. 

Un début d’initiative retardé, mais des avancées

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) affirme que l’Afrique a fait des progrès importants en mettant en place diverses mesures afin de simplifier la procédure de délivrance des visas depuis 2008.

D’après Ruth Gomez Sobrino, attachée de presse à l’OMT, “en 2008, les Africains représentaient en moyenne 88% de la population mondiale qui avait besoin d’un visa. Ce chiffre est passé à 57% en 2015 car de nombreux pays africains ont introduit des mesures telles que le visa à l’arrivée ou le e-visa”. C’est le cas notamment du Zimbabwe et de la Namibie qui ont allégé les procédures de visa pour les citoyens membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Sources & crédit photo

  • Mukeredzi, T. (2016). Pan-Africa passport to open up borders. UN Forum. 
  • Mateso, M. (2020). En 2020, voyager à travers l’Afrique reste un casse-tête pour les citoyens du continent. 
  • Speaks, M. (2019). Bientôt un passeport unique pour tous les Africains. Retrieved from https://www.nofi.media/2019/01/passeport/61833
  • Mukeredzi, T. (2016). Passeport africain, au-delà des frontières. UN Forum. 

Crédit photo: MINASSE WONDIMU HAILU / ANADOLU AGENCY, Retrieved from https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/culture-africaine/en-2020-voyager-a-travers-l-afrique-reste-un-casse-tete-pour-les-citoyens-du-continent_3787721.html.

Article par Maeilys D et Rim A.

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